Par APCNouvelles
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En 2020, APC a célébré son 30è anniversaire, une étape spéciale qui concordait justement avec notre assemblée générale triennale de membres. Ce type de réunion avait jusque-là toujours eu lieu en présentiel (comme avec la rencontre à Ithala en Afrique du Sud en 2017), mais les circonstances dues à la pandémie de COVID-19 nous ont amené à trouver une manière innovante de nous retrouver. Pendant toute la semaine du 5 au 9 octobre, le personnel et les membres d’APC ont relevé ce défi avec créativité, énergie et passion pour notre toute première assemblée de membres en ligne, avec la participation de près de 300 personnes enregistrées provenant du monde entier, connectées à travers diverses plateformes selon un programme varié de sessions, d’ateliers et de célébrations. Ainsi, nous avons pu nous retrouver « à travers les câbles et appareils de cet internet et ces technologies numériques pour lesquels nous luttons justement dans le but de les rendre accessibles, à prix abordable, ouverts, sûrs, féministes et amusants. »
Lors de la préparation de l’assemblée de membres, il a été décidé d’articuler le programme autour des principaux concepts du guide Plus proches que jamais, une grande collection de ressources et de conseils destinée aux organisations de la société civile et des droits humains travaillant à distance. Les principes de ce guide – la solidarité, la connexion et la force dans la diversité – ont tous fait l’objet d’analyses pour les intégrer aux différents thèmes proposés chaque jour :
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Jour 1 : Plus proches que jamais : Quand le physique devient numérique
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Jour 2 : Nos contextes et défis évoluent
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Jour 3 : Résilience et résistance
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Jour 4 : La planète Terre (non)connectée
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Jour 5 : Notre engagement pour le futur proche et le futur plus lointain
Plus proches que jamais : Quand le physique devient numérique
En guise d’échauffement, le premier jour de l’assemblée, axé sur le thème de « Plus proches que jamais : Quand le physique devient numérique », était dédié à ces questions : Comment communiquer, s’engager, se voir et se reconnaître dans un environnement virtuel à travers des écrans de texte, de voix ou de vidéo ? Comment revenir sur notre parcours de ces derniers mois et faire part aux autres des pratiques qui nous ont aidées dans nos vies personnelles et d’activistes ?
La première séance nous a amené à discuter de la manière dont nos vies personnelles et professionnelles ont changé depuis le début de la pandémie de COVID-19, les défis dans notre travail en faveur des droits humains, les plateformes que nous choisissons (et rejetons) pour la communication, et les stratégies et techniques qui nous ont permis de faire face à des circonstances en rapide évolution. Cette séance a également abouti à la première d’une longue et belle série d’illustrations graphiques puissantes, réalisées tout au long de la semaine pour refléter en couleur la teneur des discussions.
Quels sont les changements les plus profonds dans nos différents contextes ?
Le deuxième jour, on a réfléchi comment « Nos contextes et nos défis évoluent » en se demandant : Quels ont été les changements les plus marquants dans nos contextes respectifs ? Quels défis doivent aujourd’hui relever nos organisations ? Lesquels sont comme avant, lesquels sont différents ou nouveaux ?
Pour le thème de ce jour, nous voulions examiner de plus près certains de nos combats, sans tomber dans le pessimisme mais plutôt en tentant de trouver un équilibre grâce à une meilleure compréhension de nos expériences partagées. Avec l’augmentation des vulnérabilités physiques, sociales et économiques il est vital pour nous de comprendre les risques auxquels notre réseau est confronté et d’offrir notre soutien, notre solidarité et si possible, des solutions. Dans le cadre de la série de séances dédiées au bien-être collectif, un grand nombre de participant.e.s a pu entendre la lecture d’une poésie particulièrement émouvante qui a contribué à nous connecter entre nous de manière créative. Le document graphique suivant tiré de la seconde plénière de la journée montre certains thèmes discutés ce jour-là.
En quoi consistent la résilience et la résistance dans nos différents contextes ?
Lorsque le Jour 3 a débuté sur le thème « Résilience et résistance », nous commencions à vraiment trouver nos marques et à renforcer notre niveau d’engagement autour des questions suivantes : Comment nos organisations et mouvements se sont-ils adaptés à cette situation de pandémie ? Comment reformulons-nous nos priorités, nos stratégies et nos actions ? Comment maintenir notre pertinence, continuer à résister et à nous développer ?
Plus le niveau de compréhension des différentes thématiques soulevées par la pandémie de COVID-19 avançait, plus les échanges s’intensifiaient au cours de la journée sur les manières de conserver notre énergie et notre dynamisme pour continuer notre travail en faveur de la justice sociale, comment nous nous adaptons et nous innovons, et les stratégies que nous mettons en place pour maximiser la force et la pertinence de notre travail. Le concept de participation significative occupait une place prédominante, comme le montre la force de cette illustration de la première séance plénière de la journée.
Imaginer une relation entre technologies numériques et environnement
Pour le thème du 4è jour, “La planète Terre (non)connectée », nous voulions créer des espaces collectifs ouverts aux débats sur le développement durable. Comme APC s’est engagée à traiter cette question dans son plan stratégique 2020-2023, les séances de la journée analysaient : Comment imaginons-nous pouvoir améliorer la relation entre les technologies numériques et notre environnement, et quelles politiques et pratiques seraient les plus adaptées à ce monde en pleine évolution ? Comment pouvons-nous accroître les synergies entre notre travail et la solidarité avec le mouvement élargi en faveur de l’environnement ?
Avec des séances portant aussi bien sur l’économique circulaire, les discours de haine, la décolonisation de la technologie, que sur les droits numériques ou la récupération des styles de vie indigènes, nous nous sommes pris.e.s à rêver et à imaginer des stratégies de modèles et de pratiques plus durables pour notre travail et nos vies. L’un des moments forts pour beaucoup de participant.e.s a été la présentation de Vandria Borari, activiste pour les droits des indigènes au Brésil qui a parlé de manière très émouvante à propos des communications, des droits de la terre et des droits indigènes.
De plus, le quatrième jour de l’Assemblée de Membres était un jour spécial puisqu’APC avait organisé deux fêtes en ligne, des moments de bonheur pleins de musique, de danse, de rires et de célébration. Après le dur travail et l’engagement des membres et du personnel d’APC pour organiser cette semaine spéciale, nous voulions consacrer un moment à l’expression joyeuse et créative, et il faut convenir que l’animation dans ces belles rencontres aura certainement eu de quoi réaliser ce souhait !
Les débats de la seconde séance plénière ont été très joliment documentés dans cette illustration.
Quel est notre engagement sur le court et le long terme ?
Le 5è jour, nous nous sommes tourné.e.s vers notre avenir en réfléchissant à « Notre engagement pour le futur proche et le futur plus lointain ». Pour ce dernier jour, nous avons proposé plusieurs défis : Créons notre propre feuille de route, donnons de la visibilité et nommons les actions, les comportements, les plateformes et les langues qui sont pour nous essentielles/stratégiques pour rester connecté.e.s. Réimaginons comment agir ensemble dans nos contextes locaux/internationaux.
C’était une journée de remerciement pour toutes les personnes qui ont rendu possible aussi bien cette rencontre que notre travail en tant que réseau, qui rendent tout cela si utile et d’une si grande richesse. Le moment était aussi venu d’affirmer notre engagement dans les six principaux domaines de notre Plan stratégique 2020-2023 :
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Renforcer le pouvoir collectif des communautés
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Rendre possible l’inclusion numérique des plus vulnérables
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Plaider pour les droits humains en ligne et hors-ligne
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Co-créer un internet féministe
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Promouvoir la gouvernance de l’internet en tant que bien public mondial
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Mobiliser l’action collective en faveur de la justice environnementale et la préservation de la Terre.
Lors des trois séances plénières de cette dernière journée, on a pu sentir un fort sentiment de solidarité et un grand renouvellement des forces. L’illustration suivante reflète nombre de réflexions issues de la seconde plénière de la journée.
Parallèlement aux séances plénières et aux sessions organisées par les membres et le personnel, nous voulions veiller à conserver des espaces permettant de se connecter autour de nos pratiques de bien-être, faire le point avec les autres pour savoir où ils en sont, et consacrer un moment pour jouer et se détendre au milieu de cette semaine bien occupée. Au milieu de la musique, des techniques de mouvements et de respirations, de la poésie, de la photographie, de l’art, beaucoup de nos connexions les plus intéressantes ont eu lieu lors de ces séances de bien-être personnel et collectif. Cette illustration spéciale montre plusieurs des manières créatives que nous avons trouvées pour nous retrouver au « Campus du bien-être » et les partages qui en ont résulté.
Des personnes aux horizons très différents prennent la parole et partagent leurs points de vue
Mettre en place toutes ces activités et veiller au bon déroulement de chaque événement a nécessité le dévouement d’un grand nombre de personnes qui ont utilisé de nombreuses ressources pour permettre aux participant.e.s de profiter au mieux de ce temps passé ensemble. Les personnes enregistrées avaient accès à un wiki d’informations proposant des informations détaillées sur l’assemblée, ainsi qu’au site web de l’Assemblée de membres d’APC qui leur permettait de consulter le programme et de se connecter à différentes plateformes. À la fin de chaque journée, le « Plat du jour » était préparé pour présenter les principaux événements de la journée. De plus, un bulletin d’information a été envoyé chaque jour aux personnes enregistrées pour récapituler la journée et leur faire savoir ce qui les attendait le lendemain. Nous proposions même une pochette-cadeau virtuelle avec des choses amusantes et colorées à télécharger pour le plaisir de nos participant.e.s.
Pour stimuler les échanges en temps réel parmi les participant.e.s, APC a ouvert plusieurs chaînes sur l’espace d’équipe Mattermost que nous hébergeons, où le personnel et les membres ont pu recevoir des rappels des événements à venir, bavarder et échanger leurs impressions, et contacter rapidement l’équipe technique d’APC qui a travaillé sans relâche pour les guider et leur offrir un soutien technique sur les différentes plateformes.
Lors de la planification de l’assemblée, APC avait établi qu’il était prioritaire de prendre en compte les différentes régions géographique de notre réseau pour veiller à rendre les séances aussi accessibles que possible en fonction des différents fuseaux horaires. Voilà pourquoi nous avons alterné les horaires des séances plénières et des sessions, ce qui a permis aux personnes du monde entier de participer et de s’engager, en particulier sur les sujets importants pour leurs régions et ce, sans importer le lieu où elles se trouvaient.
Et donc, quels ont finalement été les pays présents à l’assemblée ? Avec près de 300 personnes enregistrées provenant de l’ensemble du réseau, nous avons pu noter une bonne variété dans la représentation régionale, avec une majorité de participant.e.s provenant d’Asie-Pacifique, d’Amérique du sud, centrale et des Caraïbes, et d’Afrique de l’ouest, de l’est, centrale et du sud, tandis que le reste était dispersé en Europe et Asie centrale, en Amérique du nord et au Moyen-Orient et Afrique du nord (voir le graphique ci-dessous avec la répartition des participant.e.s par région).
Au total, l’assemblée a réuni un nombre relativement important de personnes, y compris certaines qui ne s’étaient encore jamais beaucoup engagées dans les activités d’APC auparavant. Sous de nombreux aspects, elle a été ressentie comme la continuation de conversations présentes depuis longtemps dans le réseau, si bien qu’elle a permis de donner un sens de continuité et de renouveau. Certains membres font partie du réseau depuis de nombreuses années, d’autres sont tout nouveaux. Les sessions dénommées « 30è anniversaire d’APC et au-delà : la chronologie de notre histoire » qui ont eu lieu quotidiennement pendant l’assemblée ont créé des espaces chaleureux pour que les anciens et les nouveaux membres puissent se rassembler, partager des souvenirs et des histoires, et mieux se connaître.
En ce qui concerne l’accès technique aux différents événements, APC a choisi à conscience d’utiliser autant que possible des plateformes à code source ouvert, conformément à notre politique en matière de logiciels libres. Nous voulions rendre ces choix explicites et avons informé les participant.e.s que « en raison de nos politiques, nos pratiques et notre approche féministe envers la technologie, la plupart des plateformes et des outils que nous utilisons au cours de l’Assemblée de membres sont des logiciels libres, notamment CiviCRM, Mattermost, les wikis, un etherpad dédié, Nextcloud et le logiciel OnlyOffice, pour un engagement collaboratif. »
APC a également utilisé dans ce but une installation BigBlueButton (BBB) de visioconférence hébergée par nos soins pour l’ensemble des sessions. Pour les séances plénières, malgré de multiples essais, nous avons dû faire le choix d’utiliser Zoom, une plateforme propriétaire. Cela a été une décision difficile à prendre, mais nous avons ainsi pu garantir une meilleure stabilité pour les participant.e.s, y compris en ce qui concernait les fonctions de traduction et de sous-titrage. En effet, pour les séances plénières, une traduction en temps réel était disponible en espagnol et en français, en portugais dans certains cas, avec sous-titrage en anglais. Cet engagement à diversifier les options linguistiques visait à rendre les séances plénières plus inclusives, et à réduire les obstacles envers la participation et l’accessibilité.
Cette assemblée très spéciale a été la culmination de nombreuses heures de travail de la part du personnel d’APC pour veiller au bon déroulement de l’événement, apporter un soutien technique et assurer les communications. Cela a été un espace d’apprentissage, de soutien, de soin mutuel, permettant aussi de partager la tristesse et les rires. Certains de nos organisateurs qui ont travaillé d’arrache-pied nous ont commenté que « APC a permis à des personnes d’origines très différentes (du monde) de prendre la parole, de donner leurs différents points de vue et de parler de ce qui est essentiel pour eux, si bien qu’en ce sens, on a assisté à une conversation vraiment mondiale et respectueuse » (Karel Novotný, coordinatrice chargée du renforcement du réseau et de l’adhésion des membres d’APC).
Un tel niveau d’échanges est en effet sans précédent, plus difficile à observer dans d’autres forums ; il traduit de « la richesse des approches féministes, du dialogue intergénérationnel et de l’attention portée à l’autre » (hvale vale, coordinatrice du projet sexualité et internet d’APC).
La semaine qui a suivi l’assemblée de membres a eu lieu l’élection du nouveau conseil d’administration d’APC, à qui nous souhaitons la bienvenue, avec toutes nos félicitations. Nous revenons sur les apprentissages acquis lors de notre assemblée de membres pour formuler nos visions sur le long terme (dont certaines ont été partagées par des membres d’APC par le biais de déclarations par vidéo), alors que nous célébrons 30 années de travail et renouvelons notre engagement pour un travail collectif de plaidoyer, de solidarité, de résistance et de transformation.
Pour plus d’informations sur notre réseau, veuillez aller sur la page consacrée à nos membres.